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LE CONTEUR BRETON

toile blanche, de l’argenterie, des coupes d’or et d’argent pour boire le meilleur vin, des vivres pour manger, et jamais Christophe ne les a achetés. Ils lui sont venus ; comment ? C’est ce que je ne sais pas plus que vous.

— Peu importe comment il les a eus, dit le roi ; j’ai faim, il y a de quoi manger, commençons. Christophe arrive avec sa mère et dit : — Maintenant, Gradlon, allons à table, asseyez vous là près de ma mère, car quoiqu’elle soit la femme d’un pauvre pécheur, vous n’aurez pas honte de dîner avec elle. Il ne serait pas bien de laisser ma mère se nourrir d’aumones, quand son fils a épousé la fille du roi.

Quoiqu’il aimât les pauvres et les gens du menu, Gradlon eût préféré être éloigné de cette vieille ; cependant il n’osa rien dire, parce qu’il craignait Christophe. Celui-ci s’assit à la place d’honneur ; Ahez à sa droite, sa mère à sa gauche, et le roi après elle.

Quand on a faim et qu’il y a de quoi manger, il n’est pas difficile de savoir la manière de s’en servir. Gradlon et les autres ne firent pas de façons ; tous mangèrent et burent à satiété, et quand ils furent levés de table, Christophe dit : — Si vous voulez, sire, nous irons faire un tour dans le palais, pour voir s’il est aussi vide, aussi dégarni qu’il est

grand. On dit qu’il vaut mieux une petite maison où il y a des vivres, qu’une grande maison ou il n’y a que du vent.

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