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LE CONTEUR BRETON

sa cour pour lui dire : — Sire, venez voir dehors ; par là il s’est élevé, depuis hier, un pont qui étonne tout le monde ; on n’en a jamais vu de plus beau, et ce qu’il y a de plus curieux encore c’est de voir, à l’autre extrémité, une île dont personne n’a entendu parler, et un palais si beau que nous ne pouvons le bien voir, tant il fait resplendir le soleil.

Gradlon ne fut pas en retard pour aller voir, et quand il eut examiné, il envoya un de ses gens pour savoir qui l’habitait. Celui-ci en arrivant dans l’île, voit un superbe manoir ; il entre et aperçoit Christophe, son bâton crochu à la main. L'envoyé du roi lui dit : — C’est vous, je crois, le maître de cette île ? — Oui vraiment, dit Christophe, je suis le maître ici, à ce que je crois ; et ce n’est pas vous, ni tout autre qui pourrait substituer son droit au mien. — Ce n’est pas de cela qu’il s’agit, dit l’envoyé ; je suis venu pour vous dire de venir trouver le roi Gradlon a la ville d’Is. — Aller trouver le roi Gradlon, dit Christophe ; s’il a besoin de moi, il viendra lui-même, car pour moi je ne ferai pas un pas pour aller vers lui. Retournez donc, et dites le résultat de votre mission.

L’envoyé du roi Gradlon partit de là et annonça ce qui était arrivé, et ce que lui avait dit Christophe. — Quoi, dit le roi, c’est Christophe l’idiot qui habite ce beau palais ? Il paraît qu’il est devenu un peu hautain ; je verrai bientôt ce que c’est que

ce gaillard-là. Et Gradlon alors commande des

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