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LE CONTEUR BRETON

pourrez venir me voir lui donner le coup de grâce. — Bravo, dit le maître qui fit apporter à son vacher tout ce qu’il avait de meilleur à manger et à boire dans sa maison. Après son souper, Ivon alla se coucher, et le lendemain, avant le lever du soleil, il était levé et allait conduire son troupeau aux champs.

Quand il eut mené ses bêtes au loin, il revient sur ses pas, comme la veille, et aperçoit l’ogre qui accourt sur lui. — Eh bien, dit Ivon transformé immédiatement en lion, tu t’es reposé suffisamment sans doute, et maintenant tu reviens pour gagner ou perdre ; tu perdras, je le jure. — Tout-à-l’heure, dit l’ogre, je te réduirai en poussière. Tout beau, joli garçon, tu n’es pas encore assez guéri, et tu veux mourir ? — Avant de me tuer, tu auras de la besogne, dit l’ogre, en ouvrant une bouche aussi large et aussi rouge qu’un vaste four embrasé, et en allongeant ses défenses, affilées et nombreuses comme les dents d’un peigne en fer. Le lion aussitôt, détachant une motte de tourbe, la jette aux yeux de l’ogre et se précipite en un bond sur sa gorge. Il l’étouffe et si bien qu’il lui fait sortir la langue de la longueur d’une grande queue de cheval. La gorge en lambeaux, l’ogre dut tomber et mourir sur place entre les griffes du lion. Celui-ci, après cela, ouvre d’un coup de patte le ventre de l’ogre, et aussitôt s’échappèrent ses horribles entrailles, desquelles sortit à l’instant un superbe lion.

Il ne fallut pas beaucoup de temps pour tuer aussi ce lion à son tour et lui ouvrir le ventre,