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LE CONTEUR BRETON

au moins une des bêtes à cornes et parfois deux ou trois.

— N’importe, dit Ivon ; peut-être l’empècherai-je d’en enlever aucune désormais. — Si vous faites cela, dit le maître, vous serez un homme comme on n’en voit pas par ici. — On verra demain, dit Ivon. — Et le lendemain celui-ci partit et conduisit les bestiaux, aussi loin qu’il pût, par un petit chemin qui circulait sur les champs. Après les y avoir conduits, il revint sur ses pas et se mit de côté pour observer le chemin.

Il s’était écoulé peu de temps, lorsqu’il vit l’ogre débouchant du bois et venant droit à lui. — Tout-à-l’heure, dit Ivon, je verrai quelle espèce d’homme tu es. — Et celui-ci alors, transformé en un lion six fois plus fort et plus puissant que le lion le plus fort et le plus puissant, Saute aussitôt sur la tête de l’ogre ; et là, tous deux en se battant, font un bruit tel que la terre tremblait sous eux. Les domestiques du maître accoururent pour voir, et furent si effrayés qu’ils s’enfuirent de là, en criant de toutes leurs forces.

Le lion et l’ogre luttaient toujours et s’enlevaient réciproquement des lambeaux de chair et de peau. La terre était rougie de sang, les pierres se fendaient et se pulvérisaient sous leurs pieds, les arbres les plus rapprochés d’eux étaient déracinés. Quant à l’ogre, il avait beau frapper avec ses griffes et ses ongles plus durs que l’acier, il fut

éreinté par le lion et dut lui demander trève, tant

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