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LE CONTEUR BRETON

toujours soldat, afin que la graine ne s’en perde pas. — Il ne faut pas railler, il y a longtemps que je sais ce que je suis et peut-être ce que vous dites n’est pas faux.

Après cela, huit ou neuf jours environ après, Ivon déserte et se met en route en grande hâte : Il avait abandonné l’armée pour toujours et ne demandait rien autre chose que de n’y revenir jamais. Voilà notre soldat qui chemine tant que la route ne lui manque pas sous les pieds, si bien que la nuit vint le surprendre. Il était déjà loin de la ville ou était le régiment, et comme il ne trouva ni maison, ni auberge pour loger, dans la crainte d’être attaqué par des bandits ou par des voleurs, Ivon regarde autour de lui et, apercevant des meules de foin dans une prairie, le long du chemin il va se coucher dans l’une d’elles. Il avait déjà fait un bon somme et il était près de minuit, quand il entend aux environs un bruit épouvantable ; on eût dit les Enfants du Sabbat faisant leur jeu. Ce n’était pas eux pourtant, mais une bande de bêtes sauvages venues en ce lieu, probablement pour dévorer un méchant bœuf mort.

Ivon les écoute et distingue, parmi les autres voix, celle du lion qui crie tant qu’il peut et qui demande à une fourmi pourquoi elle lui fait tant de mal ? — Pourquoi, dit celle-ci en piquant le bout de la queue du lion, au lieu de faire un tel tapage, pour avoir chacun un morceau de ce bœuf mort, pourquoi n’allez-vous pas réveiller Ivon qui