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LE CONTEUR BRETON

ce que tu feras, puisque c’est toi qui lui tiens la chandelle. Tu laisseras échapper le chandelier de tes mains et le laisseras tomber, et alors, quand la chandelle sera éteinte, je pourrai jeter le vin soporifique, et le beau-père n’y verra rien. Garde toi de ne pas exécuter mes ordres, car bientôt, à la nuit, la gardeuse de volailles viendra encore, comme elle est venue les deux nuits passées.

Quand le beau-père vint, à la nuit, avec le vin soporifique, le domestique fit ce qu’on lui avait dit. En attendant, la gardeuse de poules n'était pas du tout satisfaite, en voyant qu’elle n’avait pu faire entendre au prince ce qu’elle désirait. Elle alla rejoindre ses volailles et dépaqueta la feuille du laurier qui chante. La princesse qui passait, entendit chanter agréablement cette feuille, et fut encore plus émerveillée qu’elle ne l’avait été précédemment. Elle demanda à acquérir cette feuille, et la gardeuse de volailles lui répondit qu’elle ne donnerait pas sa feuille à moins de dix-huit mille écus et à la condition qu’elle passerait encore une nuit dans la chambre du prince. — C’est convenu, dit-elle, peu m’importe ; je dois la posséder, coûte que coûte. — Elle l’acheta donc à la gardeuse de volailles. Celle-ci assurément avait eu de l’argent, et même beaucoup ; mais elle n’avait pas réalisé ses désirs, et c’est là ce qui l’affligeait le plus.

La nuit arrive et l’on vient apporter au prince le vin soporifique. Le domestique, faisant semblant d’être pris d’envie de dormir, laissa tomber la chandelle à terre, et le prince alors jeta le vin loin

de lui et alla se coucher. Il faisait semblant de

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