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LE CONTEUR BRETON


— Je vois bien maintenant, dit l’aînée, que ma jeune sœur disait vrai, et je vois aussi qu’elle a trouvé, mieux que nous, le moyen de venir à bout de lui ; et elle en est venue à bout, paraît-il, car il doit être arrivé quelque chose de grave à notre père depuis qu’il est parti de la maison ; il dépérit chaque jour et sèche sur pieds.

— Eh bien, mon père, dit-elle, quelques jours après, dites-moi ce qui vous est arrivé ? Vous maigrissez à vue d’œil et vous me faites peine à voir. — Son père alors, puisqu’elle le demandait, lui apprit ce qui lui était arrivé. — Ma foi, dit-elle, quand elle l’eut appris, quant à moi je n’irai pas chez cette bête ; c’est à celle qui a demandé la feuille de laurier à y aller, ce me semble, afin de payer pour elle-même ; j’ai assez de mon coq d’or.

La cadette, voyant un jour pleurer son père, lui demanda pourquoi il versait des larmes et quel était le motif de son chagrin : — Mon père, dit-elle, votre esprit doit être tourmenté par quelque chose de grave. — Oui certes, ma fille, j’ai quelque chose, et voici ce que c’est. — Il lui apprit alors ce qu’il avait dit à sa fille aînée, et il ne fut pas question de son mariage, comme vous pouvez penser. Celle-ci ne fut pas, plus que la première, en disposition d’aller chez la bête, et elle ajouta même qu’elle n’irait ni pour or ni pour argent.