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LE CONTEUR BRETON

gles aussi durs que le fer. — Quoi, dit Jean, ne pourrais-tu pas nous montrer cette méchante bête, sans qu’il nous arrivât malheur ?

— Si fait, dit le géant, si vous aviez, pour mettre dans sa nourriture, soit l’herbe d’or, soit le trèfle à cinq feuilles, car alors il dormirait vingt-quatre heures sans se réveiller, et on pourrait le tuer pendant son sommeil. Par ailleurs, il n’est homme ou diable qui pourrait venir à bout de lui, car il est ensorcelé par une vieille bonne femme qui demeure près d’une fontaine, à l’autre bout du grand bois qui est là-bas ; elle possède, dit-on, les charmes et les ruses de Satan. — Je crois, dit Jean en lui-même, que l’affaire marchera bien maintenant. Et toi, dit-il, à quoi te sert de rester ici pour faire un métier comme celui que tu fais, un homme comme toi ? — Silence à ce sujet, dit le géant, et à revoir. Voilà la porte de votre chambre ; il est grand temps que je me remette en route, de peur que le vieil ogre ne s’aperçoive que j’ai tardé si longtemps. Fermez bien la porte et les fenêtres, car l’odeur de chrétien que sent le vieil ogre est indubitablement la vôtre.

Quand le géant fut parti, Jean comprit ce qu’il lui avait dit au sujet de la vieille sorcière. — À propos, dit-il, celle-là doit être la vieille femme qui m’a parlé près de la fontaine, et qui m’a fait connaître ce château et les vilains oiseaux qui l’en-