Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/423

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lionel qui avait les plus grandes espérances. Il ne comptait sur rien personnellement, mais il lui paraissait très-probable que George serait le légataire universel. Puisque sir Henry n’héritait pas, pourquoi ne serait-ce pas George ? Et si ce fils, ce cher fils, se trouvait à la tête de quelques millions, — ne fût-ce que de cinq ou six, — que ne pourrait espérer un père affectueux et dévoué ?

Sir Henry était sombre, et pourtant, lui non plus n’était pas sans espoir. La petite-fille de M. Bertram, la seule descendante en ligne directe du mort, était sa femme. Tout ce qui pourrait être légué à lady Harcourt lui viendrait en quelque sorte à lui, quelque précaution qu’eût prise le testateur, et il n’y avait rien d’improbable à ce que Caroline fût la légataire principale. Il était possible que M. Bertram n’eût pas refait son testament depuis que lady Harcourt avait quitté la maison de son mari. De toute façon, si sa femme héritait grâce à ce testament, sir Henry retrouvait un terrain sur lequel il pouvait de nouveau combattre ; et, le cas échéant, il avait résolu que nulle tendresse, nul scrupule ne l’empêcherait de pousser la lutte jusqu’aux dernières extrémités.

Bertram n’espérait rien, et ne craignait qu’une chose : c’était qu’on ne le considérât comme un homme déçu dans son attente. Il savait qu’il ne devait rien avoir, et, bien qu’il comprît, — maintenant que le moment était venu, — que la possession d’une grande fortune lui eût procuré peut-être une véritable satisfaction, il ne se sentait point malheureux de la