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d’or, — et sa Marguerite avait été changée en pierre entre ses bras.

Combien d’entre nous font le marché de Faust ! La présence du démon sous une forme palpable peut être un mythe ; mais en esprit, il est toujours avec nous. Qu’il est rare que nous ayons assez de puissance pour rompre le marché ! Le négociant de Londres s’était ainsi vendu. Il s’était donné corps et âme à un démon. Celui-ci lui avait promis des richesses, et il avait tenu parole. Mais la fin de tout était arrivée, et le bonheur n’était pas encore venu.

M. Bertram n’avait été ni un homme bon ni un homme sage. Mais il fut grandement considéré de son vivant, et sa mémoire est honorée par des blocs de marbre et des urnes monumentales. Des épitaphes, qui semblent sincères, témoignent de son mérite, et des actes, parfois aussi trompeurs que des épitaphes, l’attestent également. C’est un de ces morts dont on est convenu de dire du bien, et pour lequel la renommée, — cette opulente renommée de la Cité, dont la trompette est d’or et non d’airain, — se montre complaisante. Néanmoins, il ne fut pas bon. En ce qui le touche, il ne nous reste plus qu’à raconter son testament, et nous nous acquitterons de ce devoir dans notre prochain chapitre.

Il fut convenu que M. Bertram serait enterré six jours après sa mort, et qu’on lirait son testament aussitôt après la cérémonie. George devait désormais s’occuper de tout et décider par conséquent quelles seraient les personnes invitées pour assister à cette