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— Il est bien faible, dit George. Je crois, Harcourt, que vous feriez mieux de le quitter.

Une expression satanique se peignit sur le visage de sir Henry.

— Oui, se dit-il, m’en aller, pour que vous restiez ici à tout récolter. M’en aller avec la conviction que je n’aurai pas un liard ! Il avait épousé la petite-fille de cet homme, et pourtant on le chassait d’auprès de son lit de mort comme un étranger.

— Dis-lui de s’en aller, dit M. Bertram. Il saura tout dans un ou deux jours d’ici.

— Vous l’entendez, dit George à voix basse.

— J’entends, murmura l’autre, et je me souviendrai.

— Il ne s’attend pas, je pense, à ce que je change mon testament à l’heure qu’il est. Il a peut-être une plume et de l’encre dans sa poche.

— L’intérêt que je porte à ma femme m’a seul fait parler, dit sir Henry ; je pensais que vous vous rappelleriez qu’elle est l’enfant de votre fille.

— Je me le rappelle très-bien. George, pourquoi ne me laisse-t-il pas ?

— Harcourt, il vaut mieux que vous partiez, dit Bertram ; vous ne pouvez pas vous imaginer combien mon oncle est faible. En disant ces mots, il ouvrit doucement la porte.

— Adieu, monsieur Bertram. Je n’avais pas l’intention de vous déranger, dit sir Henry en se retirant.

— Vous connaissez son testament, cela va sans dire, dit-il à George quand ils se retrouvèrent dans la salle à manger.