Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non, non, nous ne nous connaissons pas depuis assez longtemps. Et, tout en parlant, elle retira son bras de celui de Bertram.

— Dites-le-moi, chère Annie, répéta George, en tâchant de reprendre la main qu’on lui avait retirée.

— Voilà la cloche du lunch ; et puisque monsieur Wilkinson ne veut pas s’occuper de madame Price, il faut que j’aille la trouver.

— Voulez-vous que j’y aille ? dit Bertram.

— S’il vous plaît. Je descendrai seule.

— Mais vous m’aimez. Annie ? — dites que vous m’aimez.

— Quelle folie ! Voici cet animal de Biffin. Allez chercher madame Price — et laissez-moi seule.

— Ne prenez pas son bras, au moins.

— Ne craignez rien, je ne prendrai ni le sien, ni le vôtre ce matin. Je suis plus d’à moitié fâchée avec vous. Et en disant ces mots, elle s’éloigna.

— Hélas ! qu’ai-je fait ? se dit Bertram, tout en rejoignant madame Price. Mais elle est charmante, — belle comme Hébé ; et je ne vois pas pourquoi je serais condamné à être malheureux toute ma vie.

Madame Cox s’était dirigée vers l’escalier, et le major Biffin l’avait suivie.

— Ne me permettrez-vous pas de vous offrir le bras pour descendre ? dit-il.

— Merci. Il y a beaucoup de monde, et je me tire mieux d’affaire toute seule.

— Vous ne trouviez pas qu’il y eût trop de monde, dans l’escalier du « Lahore ».