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ple que peut l’être celle d’une femme qui ne veut pas qu’on la remarque, même pour sa simplicité. Elle ne portait aucun bijou ; les broches, les bagues qu’on avait données à la fiancée ou à l’épouse, tout avait été mis de côté — tout, excepté ce seul anneau que le destin fatal l’obligeait à garder. Que n’eût-elle donné pour pouvoir s’en défaire !

Elle se rendit à l’église. Là, elle put se dire que les gens qui la guettaient pour épier son malheur étaient les mêmes qui l’avaient tant regardée dans ses jours de triomphe. Dans ses jours de triomphe, faut-il dire ? Non, car même dans ce temps-là elle avait été malheureuse ; mais ses chagrins d’alors n’avaient pas été aussi connus du public.

Elle se tira très-bien de l’épreuve, et elle sembla même en souffrir moins que sa tante. Elle n’avait pas cherché à répandre parmi les habitants de Hadley cette ingénieuse fiction au sujet de la consultation de sir Omicron, que sir Henry avait mis tant de soin à propager parmi ses amis de Londres. Elle avait fort peu parlé d’elle-même, mais le peu qu’elle avait dit avait été strictement vrai. Elle n’avait pas agi non plus de façon à tromper les gens, ou à leur donner une fausse idée de sa position. À peu près tout le petit monde dont elle était entourée savait qu’elle avait quitté son riche et brillant mari, et qu’elle avait déclaré son intention de ne jamais retourner chez lui.

Il lui fallait donc un certain courage pour aller prendre sa place dans cette église, mais elle ne laissa voir aucune faiblesse. Elle dit ses prières, ou du moins elle