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M. Bertram donna enfin la permission tant désirée. Il ne répondit pas à la lettre de sir Henry, mais il chargea sa nièce de dire à Caroline qu’elle pouvait venir à Hadley si cela lui plaisait. Caroline vint tout de suite, et sir Henry donna à entendre à ses amis que les devoirs et les plaisirs du monde avaient tant fatigué sa femme, qu’à son grand regret elle s’était vue obligée de quitter Londres avant la fin de la saison.

— Sir Omicron l’a impérativement ordonné, dit confidentiellement sir Henry à son ami intime, M. Madden, le membre du Parlement ; et, comme il fallait partir, autant valait profiter de l’occasion pour faire sa cour à grand-papa Crésus. Je n’ai pas le temps de soigner l’héritage moi-même et je suis bien forcé de me faire remplacer.

Il faut savoir que sir Omicron était le médecin en vogue dans ce temps-là.

Caroline revint donc à Hadley, mais cette fois les cloches ne sonnèrent pas pour fêter son arrivée. Six mois à peine s’étaient écoulés depuis qu’au déjeuner de noces on avait promis aux nouveaux époux une si grande félicité ; et déjà cette vision dorée s’était dissipée, — cette prospérité si matérielle, si substantielle s’était évanouie. La robe de mariée était fraîche encore que tout ce bonheur, en apparence si solidement établi, avait déjà disparu.

— Vous voilà donc revenue ? dit M. Bertram.

— Oui, monsieur, répondit à voix basse Caroline ; j’ai fait une grande méprise, mais j’espère que vous me pardonnerez.