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— Non, je ne continuerai pas. J’en ai dit assez.

— Vous lui en avez dit davantage quand il était ici.

— Je ne lui en ai pas dit la moitié.

— N’était-il pas à vos genoux ?

— Oui, monsieur, il s’est mis à mes genoux, et, en faisant cette réponse, Caroline, se leva, comme s’il lui eût été impossible de rester assise en présence d’un homme qui évidemment l’avait fait espionner.

— Eh bien ! et après ? Puisque la vérité ne vous fait pas honte, dites donc tout.

— La vérité ne me fait pas honte. Il est venu me dire qu’il partait — et je lui ai dit de partir.

— Et vous lui avez permis de vous embrasser — de vous prendre dans ses bras — de vous donner un baiser ?

— Hélas oui ! — pour la dernière fois. Il m’a donné un baiser. Je sens encore ses lèvres sur mon front. Et alors, je lui ai dit que je l’aimais, que je n’aimais que lui, que je n’en aimerais jamais d’autre. Puis je lui ai dit de partir, et il est parti. Maintenant, monsieur, vous savez tout, je crois. Il me paraît que vous avez reçu deux rapports au sujet de cette entrevue : j’espère qu’ils ne se contredisent pas ?

— Jamais je n’ai vu une pareille effronterie ; — c’est inimaginable.

— Avez-vous donc pensé, monsieur, que je mentirais ?

— Je pensais qu’il vous restait un peu de vergogne.

— J’en ai trop pour mentir. Je voudrais que vous pussiez tout savoir. Je voudrais pouvoir vous dire son