Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que de Bertram. Caroline avait dansé avec lui — c’était la première fois qu’elle dansait depuis son mariage — et, lui ayant accordé cette faveur, elle se dit qu’elle ne pouvait la refuser à M. Bertram. Le solliciteur-général, trop affairé pour faire plus que de se montrer pendant cinq minutes au bal, les vit passer ainsi ensemble et figurer dans la danse. Bertram, tout en dansant, avait peine à croire à la réalité de sa position. Qu’aurait-il pensé si quelqu’un lui eût prédit, trois mois auparavant, qu’il danserait avec Caroline Harcourt ?

— Adela n’est pas restée longtemps avec vous, dit-il pendant un intervalle de repos.

— Pas très-longtemps. Je ne crois pas qu’elle aime Londres. Et la conversation fut interrompue, car c’était à leur tour de danser.

— En effet, reprit Bertram, il m’a semblé voir que Londres ne lui plaisait pas, — il ne me plaît pas davantage, à moi. Il me serait indifférent de le quitter pour toujours. Et vous, lady Harcourt, aimez-vous Londres ?

— Mon Dieu, oui ! comme tout autre endroit. Je crois que le lieu où l’on est importe peu — que ce soit Londres, Littlebath ou la Nouvelle-Zélande.

Ils restèrent silencieux pendant quelques instants, et quand Bertram reprit la parole, ce fut avec un effort visible.

— Jadis vous n’étiez pas si indifférente à ces choses-là.

— Jadis !