Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En ce moment on annonça le dîner.

— Madame Stistick, permettez-moi…, dit sir Henry, en offrant le bras à cette dame. Un instant après, Bertram descendait l’escalier qui menait à la salle à manger, côte à côte avec le membre du parlement. — Et nous avons place, dans nos écoles nationales, pour cent quatorze tout juste. Dites-moi, je vous le demande, que deviennent les quatre cent quarante et un autres ?

Bertram ne se sentait pas en état de lui fournir le moindre éclaircissement à cet égard.

— Je puis vous renseigner sur les quatre cent quarante et unième, dit le baron, au moment où sir Henry prononçait le Benedicite.

— Un millier de plus ou de moins est indifférent, reprit M. Stistick, qui laissa à peine le temps à sir Henry d’achever.

Le baron Brawl et M. Stistick se placèrent, l’un à la droite, l’autre à la gauche de lady Harcourt, de sorte que Bertram ne fut pas obligé de lui parler pendant le dîner. Le juge ainsi que le membre du parlement parlèrent sans s’arrêter, et le solliciteur général fit de même. Un dîner de six est toujours un dîner causant. Les hommes et les femmes ne sont pas distribués par couples, ce qui les rend muets le plus souvent. La voix de l’un excite les autres à parler, et la difficulté, en pareil cas, n’est pas de trouver quelque chose à dire, mais bien de se faire écouter. Dix, douze, quatorze : voilà les nombres silencieux pour un dîner.

De temps à autre, Harcourt cherchait à engager Bertram dans la conversation, et celui-ci fit de son