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roline était partie, toute vie lui semblait triste. » Elle exprimait son chagrin à la pensée de quitter ses anciens amis. Elle en nommait deux ou trois, et entre autres sir Lionel. « Ce serait une grande joie pour moi, ajoutait-elle, si je parvenais à réconcilier les deux frères, car je suis bien sûre qu’en tout état de choses sir Henry Harcourt restera toujours le préféré de M. Bertram. Quoique mademoiselle Todd prétende avoir tant d’amitié pour moi, je ne crois pas que cela me fasse grand’chose de ne plus la voir. Je ne la crois pas sincère, et elle parle vraiment trop fort. De plus, quoi qu’elle en dise, je ne suis pas bien sûre qu’elle ne cherche pas un mari. »

Mademoiselle Baker se rendit à Littlebath bien décidée à jouir du répit qu’elle avait obtenu. Quelque chose pouvait arriver. Elle ne se demandait pas quelle chose. Le vieux Bertram pouvait ne pas vivre bien longtemps, quoique assurément elle ne désirât point sa mort. Ou bien… mais jamais elle ne permit à cette dernière et vague espérance de salut de prendre une forme définie dans son esprit.

Quand mademoiselle Baker avait des affaires d’argent à régler, c’était toujours avec M. Pritchett ; aussi, lorsqu’elle passa à Londres, celui-ci vint lui remettre, selon l’habitude, le trimestre de sa pension.

— Mais, monsieur Pritchett, lui dit-elle, vous savez que dans un mois ou deux je vais vivre avec M. Bertram ?

— Oui, mademoiselle ; c’est tout naturel. J’ai toujours pensé que cela arriverait quand mademoiselle