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Jamais elle ne prenait l’air fâché ou maussade ; jamais elle n’avait de migraines ; jamais elle ne se refusait à aller plus loin, ni à s’arrêter où elle se trouvait ; jamais elle ne fondait en larmes à propos de rien, — toutes choses qui arrivent souvent en voyage à bien des femmes, et à de très-charmantes femmes, je vous assure. Mais, d’un autre côté, elle ne voulait pas parler d’amour, ni lui prendre la main, ni tourner son visage vers lui. Elle avait conclu un marché, et elle s’y tenait. Ce qu’elle lui avait promis, elle le lui donnait ; mais ce qu’elle ne lui avait point promis, ce qu’elle avait annoncé à l’avance ne pouvoir lui donner, elle ne faisait pas même semblant de l’accorder.

La nouvelle année les trouva à Nice. De là, ils allèrent à Gênes par la route de la Corniche, et, dans ce voyage, lady Harcourt apprit à ses dépens que l’Italie elle-même n’est pas autant à l’abri qu’on le suppose généralement de vents froids et perçants. Au commencement de février, ils étaient de retour dans leur maison d’Eaton Square. Nous ne décrirons pas le tourbillon mondain dans lequel lady Harcourt se trouva bien vite entraînée, ni l’ardeur avec laquelle sir Henry, de son côté, se plongea dans ses devoirs parlementaires et l’organisation des Cours de comtés. Dans un mois ou deux, quand les fatigues du mois de mai à Londres auront commencé, nous reviendrons à eux ; mais, pour le moment, nous devons retourner à Hadley, vers les deux frères Bertram et notre chère mademoiselle Baker.

Le déjeuner de noce, préparé par les soins de mademoiselle Baker, ne se prolongea pas longtemps, et, le