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— « Mon jeune ami, j’approuve complètement. Je lui donnerai cinq cent mille francs le jour où vous l’épouserez. » C’est alors seulement que s’échangent les chaleureuses poignées de main ; c’est alors qu’on sent une véritable cordialité. — « Grand-papa est le meilleur des hommes ! Il n’y a personne qui le vaille. Ce vieux chéri ! Il a été si généreux ! »

Mais M. Bertram ne parla ni de cinq cent mille francs, ni de dix mille francs, ni d’aucune somme, tant qu’on ne lui en dit rien. Sir Henry tenait beaucoup à ne pas témoigner de curiosité à ce sujet, afin de prouver qu’il n’épousait pas Caroline par intérêt et que son admiration pour M. Bertram était indépendante du coffre-fort de celui-ci. Il fit bien quelques petites tentatives auprès de M. Pritchett ; mais celui-ci, pour toute réponse, se borna à soupirer péniblement. M. Pritchett n’était pas dans les intérêts de Harcourt ; il ne semblait même plus se soucier beaucoup de mademoiselle Caroline, depuis qu’elle avait changé d’amour.

Mais il devenait enfin urgent que sir Henry sût à quoi s’en tenir. Peut-être n’aurait-il rien ; mais encore, voulait-il le savoir. Pourtant, il comptait bien obtenir quelque chose, et, de plus, l’obtenir sur-le-champ. C’était un homme très-laborieux, mais ce n’était pas un homme économe que sir Henry Harcourt. L’économie, à vrai dire, n’est guère possible à celui qui vit dans le monde à Londres parmi des gens riches. Harcourt n’avait donc pas beaucoup d’argent par-devant lui. Il se faisait un revenu considérable, mais ses dé-