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monter dans une haute chaire et sermonner tout le monde. Il s’en consola par des allusions édifiantes le dimanche suivant.

Pendant un quart d’heure encore sir Lionel tint bon, débitant des douceurs à mademoiselle Todd ; puis enfin, il se laissa absorber, lui aussi, par le whist. Il s’apercevait que mademoiselle Todd n’était point commode à courtiser en public. Elle ne demandait pas mieux que de parler confidentiellement, et elle acceptait volontiers les flatteries, les petits soins, les serrements de main et toutes les choses de ce genre. Mais elle faisait ses confidences de sa voix ordinaire, si éclatante et si joyeuse ; quand on lui disait qu’elle avait une mine charmante, elle répondait qu’elle avait toujours une mine charmante à Littlebath, et elle disait cela de façon à attirer l’attention de tout le salon. Or, sir Lionel aurait voulu entourer d’un peu plus de mystère ses démarches, et il se vit obligé d’ajourner ce qu’il avait à dire à mademoiselle Todd jusqu’au moment où il aurait la chance de se rencontrer avec elle au sommet de quelque montagne isolée. Ce fut là du moins ce qu’il se dit, lorsque, dans son désappointement, il se plaça en face de madame Shortpointz pour faire le quatrième à la dernière et septième partie qui s’organisa dans le salon.

En fait d’oisifs, il ne restait plus que mademoiselle Baker et la maîtresse de maison. Mademoiselle Baker ne se sentait pas le cœur léger. Ce n’est pas qu’elle s’inquiétait au sujet de Caroline, elle comptait trop sur les réconciliations d’amoureux pour s’effrayer de ce