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qu’elle n’avait pas l’habitude d’accepter pour locataires des dames seules, ou des dames non titrées. Sa dernière locataire, assurait-elle, avait été milady Mac-Guffern, la veuve du directeur médical d’un grand district des Indes. Lady Mac-Guffern lui avait payé un loyer dont je n’oserais redire le chiffre ; et pourtant, en réglant chaque samedi, elle avait toujours dit : « Madame O’Neill, vraiment vous êtes trop raisonnable ! vous ne demandez pas le véritable prix d’un pareil appartement. » Chacun sait que c’est dans ce sens que les veuves de médecins écossais ont l’habitude de parler de leur loyer quand elles règlent leurs comptes avec le propriétaire.

Et mademoiselle Todd avait cet appartement ! De plus, dès son arrivée, elle avait envoyé chercher M. Wutsanbeans, le grand loueur de voitures, et en moins de dix minutes elle avait fait marché avec lui pour un brougham de remise et un cocher en demi-livrée. « C’est une maîtresse-femme que mademoiselle Todd, » avait dit tout haut avec admiration M. Wutsanbeans au milieu de sa cour remplie de ses acolytes aux jambes arquées. Enfin le nom de mademoiselle Todd était inscrit au Casino et au cabinet de lecture, et elle avait obtenu une des meilleures places dans l’église de M. O’Callaghan. Il y avait une centaine de femmes à Littlebath qui ambitionnaient une place dans la grande nef de l’église ; car, enfin, à quoi bon un chapeau neuf, s’il faut être enfouie dans les bas-côtés, contre la muraille de l’église ? Eh bien ! mademoiselle Todd s’était assuré, du premier coup, un