Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que vous en avez souvent ri de votre côté, eh ?

— Je veux dire que, quand vous vous êtes chargé de l’éducation de George, vous n’avez pas pu compter que cela vous serait remboursé par un pauvre diable comme moi.

— Je n’ai pas pu y compter, dites-vous ?

— En tout cas, vous ne deviez pas espérer retrouver tout votre argent.

— J’admets que je ne m’en sentais pas tout à fait assuré ; je me disais bien qu’il y avait quelques doutes à concevoir. Mais que faire ? Je ne pouvais pas laisser Wilkinson se ruiner parce que vous ne vouliez pas payer vos dettes.

— Je regrette que vous le preniez ainsi, dit le colonel du ton d’un innocent injustement accusé. Je suis venu parce que je vous savais malade…

— Vous me croyiez mourant, eh ?

— Je ne vous croyais pas précisément mourant, George ; mais j’ai su que vous étiez fort malade, et les sentiments d’autrefois se sont réveillés, — les sentiments de notre enfance, de notre première jeunesse, George ; et je ne pouvais être heureux sans vous revoir.

— C’est très-bien de votre part, vraiment. Vous refusez donc décidément de régler le compte, eh ?

— Si vous le désirez, je… ferai des arrangements, certainement. Vous n’avez pas besoin de tout à la fois, je suppose ?

— Mon Dieu, non ! la moitié dans trois mois, et le reste dans six mois me conviendrait très-bien.