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— Allons ! j’espère que nous n’en sommes venus là ni l’un ni l’autre ; pas encore, pas encore… Et sir Lionel prit un air aimable. Quant à moi, il ne me faut plus grand’chose aujourd’hui. En effet, il ne lui fallait pas grand’chose à ce cher et aimable compagnon : rien que trois ou quatre pièces très-confortables pour son domestique et lui, un phaéton et des chevaux ; plus, un autre petit ménage dans une rue tranquille et écartée ; — rien que cela, mon Dieu ! avec tout ce qu’il y a de meilleur en fait de manger et de boire. — Quant à moi, il ne me faut pas grand’chose aujourd’hui. On ne saurait croire avec quel air de bonne humeur il disait cela.

M. Bertram l’aîné n’avait pas l’air d’être de belle humeur. Son œil avait une tout autre expression.

— Ah ! dit-il, tant mieux ! il vous sera d’autant plus facile d’aider ce pauvre George. Il a des besoins, lui ; il va s’embarquer dans les embarras et les peines. Ni lui ni sa future, j’imagine, n’ont l’habitude de restreindre leurs besoins, et ils se trouveraient assez à l’étroit dans leurs revenus… si ce n’était que vous serez là pour les aider.

Le colonel conservait toujours son air aimable, mais il commençait à se demander s’il ne serait pas mieux à Littlebath que chez son frère.

— Ce pauvre George ! J’espère qu’ils seront heureux… je le crois. Leur bonheur est naturellement mon unique souci aujourd’hui, et il en est sans doute de même avec vous. N’est-il pas singulier que mon fils et votre petite-fille se soient rencontrés ainsi ?