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damné est seul dans sa triste cellule, à la veille de l’exécution, réfléchissant à son sort ; quand la jeune fille, assise sur le bord de son lit, se sent le cœur vide, — non pas vide, devrais-je dire, mais plein de désespoir, — c’est alors que la bravade devient difficile !

Caroline Waddinglon lutta de son mieux. Elle s’était souvent dit, pendant les quelques mois qui venaient de se passer, qu’elle se repentait de son engagement. Si c’était vrai, le temps était venu de se féliciter d’avoir regagné sa liberté. Mais elle ne pouvait se féliciter. Tant que Bertram lui avait appartenu, elle n’avait pas su combien elle l’aimait profondément. Tant qu’elle n’avait fait que penser à se séparer de lui, la chose lui avait paru facile ; mais elle lui semblait bien difficile maintenant. Il lui était à peu près aussi aisé d’arracher l’image de Bertram de son cœur, que de s’arracher un membre.

Pourtant, il fallait que l’opération se fît : Il n’y a avait plus moyen de l’éviter. Elle était résolue en tant que cela dépendait de la volonté, il ne s’agissait plus que d’en supporter la douleur.

Caroline venait de découvrir, pour la première fois peut-être, qu’elle avait un cœur tendre et ardent, et qu’elle aimait cet homme capricieux et volontaire de toute la puissance de son cœur. Aux yeux d’une femme comme Caroline Waddington, George semblait plus digne d’être aimé, alors, qu’au temps où il lui avait d’abord parlé de son amour sur le mont des Oliviers. Il n’était, pour ainsi dire, dans ce temps-là, qu’un enfant, il est vrai, plein d’ambition, de poésie et