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— Dans l’accusation que vous avez portée contre moi tout à l’heure…

— Je ne vous ai pas accusée, Caroline.

— Non-seulement vous l’avez fait, monsieur Bertram, mais je me suis reconnue coupable. En formulant votre accusation, vous avez nommé M. Harcourt. Il est vrai que pendant votre absence j’ai causé avec lui de nos affaires — des vôtres et des miennes. J’espère que vous savez que, si je l’ai fait, c’est que je considérais M. Harcourt comme votre ami.

Bertram ne la comprenait pas, et son regard le disait.

— Il m’est difficile de m’expliquer, reprit-elle en rougissant légèrement. Ce que je veux dire, c’est que vous ne devez pas penser que je me suis adressée à M. Harcourt, poussée par quelque considération, quelque partialité personnelle.

Elle se redressa de toute sa hauteur, et sembla grandir en disant ces mots. Elle avait eu des torts ; elle admettait que George avait pour lui la justice, l’inflexible et dure justice, et qu’il était en droit de lui rejeter au visage son amour et ses promesses ; elle ne se plaindrait pas ; mais elle n’admettait pas qu’il pût la quitter en l’accusant de s’être laissé entraîner à de misérables coquetteries avec un autre, parce que celui qu’elle aimait était absent. Voyant qu’il ne la comprenait pas bien, elle s’exprima encore plus clairement.

— Au risque de m’entendre dire de nouveau que je manque aux convenances, il faut que je m’explique.