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— Non ; et d’après ce que j’ai ouï dire, cela est fort heureux pour vous. Ne lâchez pas votre oncle et venez à Londres. Vous aurez les cartes en main.

— J’ai une autre idée, c’est d’aller à la recherche de mon père. Je voudrais savoir à quoi il ressemble. Il y a quatorze ans que je ne l’ai vu.

— Il est à Téhéran, n’est-ce pas ?

— À Hong-Kong, je crois, pour le moment, à moins qu’il ne soit à Panama. Il est mêlé à l’affaire de l’isthme.

— Bah ! ce serait perdre beaucoup de temps. Et puis, vous parliez d’argent tout à l’heure, songez que ce voyage coûterait cher…

Tout en causant, ils avaient rebroussé chemin et rentraient à Oxford. Après avoir parlé de mille choses indifférentes, Bertram revint à la charge :

— Après tout, il n’y a qu’une carrière en Angleterre pour un homme qui se respecte.

— Et quelle est cette unique carrière ?

— La politique et le parlement. Appartenir à une nation libre qui se gouverne elle-même, tout cela est bel et bon, si l’on est un des gouvernants. Sinon, on serait encore moins mortifié, à tout prendre, sous le gouvernement d’un roi absolu. On ne serait dominé que par un seul homme, tandis que chez nous ils sont sept cent cinquante, — sans compter les pairs.

— Oui, mais on a la chance d’être l’un des sept cent cinquante.

— Je compte essayer, dit Bertram. Mais qui diable me nommerait ? Comment s’y prend-on ? Faut-il pré-