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sans la prévenir. Comment n’aurait-elle pas été malheureuse ?

— Elle est inexcusable de vous l’avoir dit.

— De toutes façons je ne mérite aucun reproche, moi. Je ne trouve pas qu’elle en mérite non plus, mais là n’est pas la question. En vous écrivant comme je l’ai fait, j’ai rempli mon devoir d’ami envers vous, comme envers elle. Mais je ne vous cache pas que la colère que vous lui avez témoignée à ce sujet m’a paru trop violente pour que vous puissiez jamais être son mari.

— Entendez-vous dire par là qu’elle vous a montré ma lettre ? s’écria Bertram en bondissant, comme s’il eût voulu se jeter sur Harcourt.

— Votre lettre ! Quelle lettre ?

— Vous savez bien quelle lettre. Ma lettre de Paris… la lettre que je lui ai écrite à propos de celle que vous m’avez adressée ? Répondez-moi sur-le-champ ! Caroline vous a-t-elle montré cette lettre ?

Harcourt prit un air coupable — très-coupable, mais il ne répondit pas immédiatement.

— Répondez-moi, Harcourt, dit Bertram d’un ton beaucoup plus calme. Je ne vous en veux plus à l’heure qu’il est. Caroline vous a-t-elle, oui ou non, montré cette lettre ?

— Mademoiselle Waddington me l’a montrée.

L’heureux et habile Harcourt venait de réussir une fois de plus. Et maintenant que nous avons raconté sa conversation avec Bertram, d’une façon qui lui fait peu d’honneur, il est juste que nous ajoutions ce qui peut