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M. Harcourt, bien qu’il fût membre du Parlement et un très-grave jurisconsulte, n’en était pas moins garçon et de plus un fort jeune homme. Il est donc permis de supposer que George Bertram n’aurait pas été très-content s’il avait su les conversations qui avaient lieu entre son plus cher ami et sa fiancée. Et pourtant, à cette époque, Caroline aimait George plus qu’elle ne l’avait jamais aimé.

Huit ou dix jours après il arriva trois lettres de Bertram, une pour Caroline, une pour mademoiselle Baker, et une pour Harcourt. Caroline et mademoiselle Baker étaient encore à Londres, ayant différé leur départ dans l’espoir de voir revenir Bertram.

S’il était revenu alors, et qu’il eût demandé à ce que le mariage se fît tout de suite, il est probable que mademoiselle Waddington y aurait consenti. Elle était tourmentée, malheureuse, et se sentait le cœur malade. Elle ne souffrait pas seulement parce qu’elle aimait, sa position aussi l’inquiétait beaucoup, et, tout en se considérant comme liée par sa promesse et sans avoir la moindre intention de rompre, elle avait le pressentiment, ainsi qu’elle le disait souvent à sa tante, que Bertram et elle ne seraient jamais mari et femme.

Elle espéra longtemps le retour de Bertram, qui, au lieu de revenir, expédia, comme nous l’avons vu, trois lettres. Celle que reçut mademoiselle Baker était très-polie et même assez amicale, et, si elle fût venue toute seule, il n’y aurait eu que demi-mal. Bertram écrivait que, s’il avait pu prévoir que mademoiselle Baker irait à Londres, il aurait fait en sorte de l’y attendre, mais