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temps. Bertram avait cherché à prouver que le mariage seul pouvait le rendre raisonnable, et il était parvenu à le démontrer, à la complète satisfaction de mademoiselle Baker. Le jeune couple aurait certainement maintenant de quoi vivre, car les cinquante mille francs promis par l’oncle Bertram devaient être payés dans quelques mois. Et, en se disant tout cela, mademoiselle Baker se mit en campagne.

Caroline ne s’opposa nullement au voyage de Londres, mais elle ne dit pas un seul mot de George. Pourtant son cœur était amolli, et elle désirait bien le revoir.

Mademoiselle Baker écrivit donc à Londres pour faire retenir un appartement. Il semble qu’elle aurait dû charger George de ce soin, mais il y avait déjà à cette époque, même entre elle et lui, de petites jalousies et des symptômes de colère. Elle savait que George, bien qu’il fût toujours considéré comme le futur de Caroline, était assez irrité, et peut-être le croyait-elle encore plus mal disposé qu’il ne l’était réellement. L’appartement fut donc pris sans le consulter ou le prévenir, et, lorsque ces dames arrivèrent à Londres, elles apprirent que George Bertram était parti pour le continent.

Pour le coup, mademoiselle Waddington se montra indignée. En réalité, elle n’avait pas le droit de se fâcher de ce qu’il n’était pas là, car elle ne l’avait pas averti. Cependant, situé comme il l’était, après la promesse de mariage échangée, George était dans son tort de quitter l’Angleterre sans écrire pour dire où il al-