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tout, il trouvait encore le temps de s’occuper des chagrins et des ennuis de mademoiselle Baker et de sa nièce.

Au printemps, George fit deux ou trois visites à Littlebath ; mais il est douteux pour nous qu’il s’y soit montré toujours parfaitement aimable. Il admettait ouvertement qu’il ne travaillait que peu ou point pour le barreau :« Il avait d’autres occupations, disait-il ; le puissant stimulant sous l’influence duquel il s’était mis avec ardeur au travail lui avait été retiré, et, dans les circonstances présentes, il ne voyait pas pourquoi il se consacrerait exclusivement à des études qui, en somme, étaient fort peu de son goût. » Il ne daigna pas demander à Caroline de révoquer sa sentence, il ne la supplia pas de hâter leur mariage, mais il lui laissa voir très-clairement que tous les changements regrettables qui s’étaient opérés en lui, — et ces changements n’étaient que trop évidents, — elle devait se les attribuer, car ils étaient le fruit de son obstination.

Bertram menait alors une vie fort dissipée. Je ne voudrais pas donner à entendre qu’il se livrât à des plaisirs avilissants en eux-mêmes, et que, laissant de côté toute retenue, il vécût comme beaucoup de jeunes gens vivent à Londres. Il ne s’abandonna pas, et ne devint ni vicieux ni endurci : il était d’une nature trop élevée et trop délicate pour tomber si bas. Mais il est certain qu’il s’écarta beaucoup trop des règles qu’il s’était tracées pendant les premiers six mois de son séjour à Londres.