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prier de ne point se hâter. Il attendrait sa réponse avec la plus grande patience ; mais il la suppliait de nouveau d’être miséricordieuse. Il était clair cependant d’après cette lettre — du moins la chose parut claire à Caroline — qu’il croyait son éloquence irrésistible, et qu’il ne doutait pas un instant du succès. Aussi cette seconde lettre détruisit-elle en grande partie l’effet très-réel qu’avait produit la première sur le cœur de la jeune fille.

En la lisant le matin dans sa chambre avant l’heure du déjeuner, Caroline s’était sentie fort ébranlée. Mais elle se décida à n’en pas parler ce jour-là à sa tante. Elle savait que mademoiselle Baker lui conseillerait de céder sur-le-champ, et elle aurait préféré un conseiller plus sévère. Elle mit donc la lettre dans sa poche, et s’en alla tranquillement déjeuner, après quoi, elle écrivit le petit billet dont nous avons parlé plus haut.

Elle réfléchit tout ce jour-là et tout le lendemain à cette affaire. Vers la fin du second jour, elle avait presque pris le parti de céder. Puis vint le petit billet de George, dont le ton trop triomphant, selon elle, la rendit de nouveau inflexible. Avant la fin de cette journée, elle s’était raffermie dans ses premiers principes. Elle avait agi jusqu’alors d’après la règle qu’elle s’était tracée, elle persévérerait dans la même voie.

Le quatrième jour, elle se trouvait toute seule au salon — sa tante ayant quitté Littlebath pour la journée, lorsque Adela Gauntlet vint la voir. Sachant qu’Adela l’engagerait à céder, elle n’aurait certainement