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à côté de Caroline, je ne sais vraiment que penser. Vous avez toutes les deux un air si solennel ! Si je dois être condamné, milord-juge, j’espère que vous m’accorderez un long délai.

— Vous l’avez dit, fit mademoiselle Baker, je crains seulement que le délai ne soit trop long, George.

— Que voulez-vous dire ?

— Voici ce que c’est : nous pensons qu’il vaut mieux que le mariage ne se fasse que lorsque vous aurez été reçu avocat.

— C’est absurde ! s’écria George, un peu trop impérieusement pour un amoureux.

— Mais non, George, cela n’est pas absurde ! dit Caroline de sa voix la plus douce et d’un ton presque suppliant. Soyez calme, ne vous fâchez pas. Nous proposons cela pour votre bien.

— Pour mon bien !

— Oui, pour votre bien, dans votre intérêt, répéta-t-elle en passant le bras de George sous le sien et en le serrant pour ainsi dire sur son cœur. Ce que nous disons est certainement dans votre intérêt, George ; et vous savez combien nous sommes tenues d’y penser.

— Eh bien ! moi, dans mon intérêt, je repousse une semblable sollicitude. Je connais le monde aussi bien que vous ou votre tante…

— Je n’en suis pas bien sûre, dit Caroline.

— Et je sais à merveille que nos fortunes réunies devraient amplement nous suffire pendant quatre ou cinq ans. Il faudra, par exemple, que vous renonciez à avoir un cheval…