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ment désappointé. Le jeune avocat était trop homme du monde cependant pour lui adresser, soit des félicitations, soit des condoléances.

— Il y a moins de premiers cette année qu’il n’y en a eu depuis neuf ans, dit Gérard croyant adoucir ce qu’il y avait de pénible dans la position de Wilkinson.

— C’est peut-être parce que les examinateurs ont demandé davantage, ou bien encore parce que les examinés avaient moins à donner, répliqua Madden, qui ne songeait guère à Wilkinson.

— Que vous êtes donc bêtes ! s’écrie Bertram, ne savez-vous donc pas que tout cela se décide au hasard, à la roulette, la veille du jour où l’on publie les listes ! Si ce n’est pas ainsi que cela se fait, c’est ainsi que cela devrait se faire : le résultat serait tout aussi conforme à la justice. Allons, Harcourt, je pense qu’un homme de votre expérience ne daignera pas boire du vin d’Oxford ; mais vous voudrez bien regarder manger les moutards sans doute. Wilkinson, mettez-vous en face de moi et servez-nous le pâté.

— Messieurs, je vous demanderai un moment de silence, dit Harcourt quand l’œuvre sérieuse du déjeuner fut à peu près accomplie et que les convives commencèrent à peler languissamment des poires et à les découper en toutes sortes de formes au lieu de les manger ; messieurs, à tous les déjeuners auxquels j’ai assisté, j’ai toujours entendu dire, — et par parenthèse, ces repas du matin seraient les plus charmantes choses du monde si seulement on savait quoi faire quand ils sont finis…