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le travail de ménage, tout cela n’entretiendrait pas, je le sens, l’ardeur de mon affection conjugale. J’aime les femmes de tout mon cœur, leur société me plaît, mais il faut qu’elles soient très-attrayantes. Une femme qui n’est pas attrayante est bien repoussante.

Bertram se dit au fond du cœur que Harcourt était une brute, un être qui ne comprenait que les jouissances matérielles, mais pour l’instant il renferma en lui-même cette pensée.

— Est-ce un secret que le nom de votre future ? demanda Harcourt.

— Pas pour vous, du moins. Je ne tiens pas à faire de mystère. Elle s’appelle Caroline Waddington.

— Comment ! une fille du général ?

— Non pas. Je ne lui connais d’autre parente qu’une mademoiselle Baker.

— Mademoiselle Baker ! dit Harcourt d’un ton fort peu encourageant.

— Oui, mademoiselle Baker, répéta Bertram d’un ton peu conciliant.

— Oh !… ah !… oui !… Je ne pense pas la connaître, mademoiselle Baker…

— C’est assez probable, car elle demeure à Littlebath et ne vient jamais à Londres. Elle va quelquefois en visite chez mon oncle.

— Voilà qui change bien la thèse. Je vous fais réparation, mon bon ami. Que ne me disiez-vous de suite que c’était un mariage arrangé par votre oncle ?

— Vous me faites beaucoup trop d’honneur, dit Bertram en riant. Mon oncle ne sait rien de mon mariage,