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portion de son temps, et mademoiselle Baker, qui ne mettait pas en doute que la fortune du vieux M. Bertram ne fût destinée à Caroline et à George, trouvait que celui-ci perdait son temps avec tous ces bouquins poudreux. Elle n’osa pas en dire bien long à George sur ce sujet, et le peu qu’elle se hasarda à dire fut assez mal accueilli. Elle ne pouvait pas lui apprendre que Caroline était la petite-fille de M. Bertram, mais elle lui rappela qu’il était le neveu de cet homme si riche et donna à entendre que, selon elle, une profession pouvait fournir une occupation désirable à un jeune homme destiné à un avenir brillant, mais qu’en pareil cas il n’était pas nécessaire de s’en rendre esclave. À ces observations, George avait répondu assez péremptoirement qu’il n’avait pas à compter sur son oncle ; et que, puisqu’il espérait un jour subvenir par son travail aux besoins d’une famille, il fallait qu’il se mit à l’ouvrage de tout son cœur.

— « J’ai perdu toute une année, dit-il à mademoiselle Baker, et il faut travailler vigoureusement pour rattraper cela. »

George ne revit son oncle que bien longtemps après sa première visite à Littlebath. Il n’avait nulle envie de se retrouver avec lui, et ne se souciait pas de lui parler de ses projets de mariage. Mademoiselle Baker s’était engagée à faire cette communication, et il ne demandait pas mieux que de lui donner carte blanche à ce sujet ; mais, quant à lui, il n’entendait demander à personne la permission de se marier.

— Pourquoi lui demanderais-je son consentement ?