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nier chapitre il se trouve un passage qui semble être en contradiction avec les principes de calme narration que je professe. Le lecteur se dira peut-être que je prétends l’intriguer, et que je compte stimuler son attention en lui donnant une énigme à deviner. Comme je ne veux intriguer personne, je vais tout de suite conter ici ce qui en est.

Mademoiselle Caroline Waddington était la petite fille de M. George Bertram l’aîné, et par conséquent, pour m’exprimer avec toute la netteté possible, — elle était nièce, à la mode de Bretagne, de son amoureux, M. George Bertram le cadet. C’est là un degré de parenté qui, Dieu merci, n’exclut ni l’amour ni le mariage.

Nous avons, à une ou deux occasions, parlé du vieux M. Bertram comme s’il eût été célibataire, et ses amis les plus intimes ne mettaient pas en doute qu’il ne le fût en réalité. Mais vous, cher lecteur, vous jouirez du grand privilège de savoir qu’il s’était marié fort jeune. À l’époque de son mariage il avait eu, sans nul doute, ses raisons pour vouloir le tenir secret, et sa femme étant morte peu de temps après, il ne se vit pas obligé d’en beaucoup parler dans la suite. Elle mourut en donnant le jour à une fille. L’enfant vécut, et une sœur de madame Bertram, qui avait épousé un certain M. Baker, s’en chargea, et l’éleva avec sa propre fille, — cette même mademoiselle Baker que nous connaissons. Mademoiselle Baker est donc la nièce par alliance de M. Bertram. Caroline Bertram et Mary Backer furent élevées ensemble comme deux sœurs.