Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Écoutez, mon cher, quand je vois une source d’où l’eau jaillit tous les hivers et tous les printemps, et quelquefois même dans les temps chauds, je ne me figure pas qu’elle va se tarir parce qu’elle disparaît momentanément sous le soleil brûlant du mois d’août. La nature, dont je connais les lois, m’assure que l’eau jaillira de nouveau.

— Sans doute, l’eau suit son cours naturel. Mais lorsqu’on a été alimenté d’eau par un conduit artificiel, et que ce conduit a été coupé, il y a fort à parier qu’on manquera d’eau.

— En ce cas, je crois que la prudence me conseillerait de ne couper, à aucun prix, cet excellent conduit.

— Mon cher Harcourt, l’eau même peut se payer trop cher.

— Si je ne me trompe, la vôtre ne vous a rien coûté jusqu’à présent ; et si elle vous fait défaut, ce sera bien grâce à votre entêtement. Que je voudrais donc avoir affaire à un pareil oncle !

— Je vous le souhaite ; mais, pour moi, je vous déclare que je ne compte plus avoir affaire à lui du tout.

— Ah, oui ! avec un pareil oncle, je me sentirais assuré de parvenir ; tandis qu’il faut que je fasse mon chemin tout seul. Mais je ne perds pas courage. Quant à vous, vous avez la main pleine d’atouts.

Ils causèrent ainsi ouvertement de leurs espérances et de leurs projets. Harcourt semblait prendre pour dit que Bertram devait se faire admettre au barreau, et celui-ci ne le contredisait plus. Depuis qu’il avait