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Bertram en hésitant à prendre la main qui lui était offerte.

— Oui, si vous le voulez bien. Nous ne nous reverrons plus qu’en public, à dîner.

— Eh, ne me direz-vous pas d’espérer ?

— Je ne vous dirai rien de plus. Vous me donnerez bien la main en ami, n’est-ce pas ?

Il lui prit la main et la regarda bien en face. Elle n’évita pas son regard ; elle ne laissa voir ni colère, ni plaisir, ni dédain, ni orgueil ; le même doux sourire éclairait son visage, — sourire à la fois malicieux et tendre, mais difficile à interpréter de façon à rassurer ou à désespérer l’homme dont le bonheur en dépendait.

— Caroline ! dit enfin Bertram.

— Adieu, monsieur Bertram, Je vous souhaite de tout mon cœur un heureux voyage.

— Caroline !

Elle voulut retirer sa main ; il la retint et la porta à ses lèvres. Puis, il quitta la chambre. Lorsqu’il referma la porte, Caroline avait encore le même doux sourire.

On reconnaîtra, je l’espère, que mademoiselle Waddington s’était acquittée de son rôle avec habileté, sagesse et délicatesse ; j’ajouterai même qu’elle n’avait point manqué de cœur. Elle avait beaucoup pensé à l’offre de George : elle en avait pesé le pour et le contre et elle en était venue à se dire que ce mariage était, en somme, désirable.

Mais elle voyait deux bonnes raisons pour ne pas