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veau tout était changé ! Caroline savait qu’elle ne pouvait voyager avec George Bertram sans lui promettre de l’épouser, ou sans se brouiller avec lui. Elle ne voulait pas s’engager sans de plus amples réflexions. Elle décida donc que le mieux serait de reprendre l’ancien projet de sa tante et de revenir en Angleterre par la route la plus simple, c’est-à-dire par Jaffa et Alexandrie.

Il fallut apprendre ce changement de direction non-seulement à sa tante, mais encore aux Bertram, et, chose singulière, elle prit son parti de dire aux uns et aux autres la simple vérité. Elle se décida à raconter à sa tante ce qui était arrivé, et se promit de faire comprendre à Georges, en très-peu de mots, mais d’une manière affectueuse, qu’il serait plus sage pour eux, vu leur position, de ne pas voyager ensemble. C’était une personne très-prudente que mademoiselle Waddington : elle venait de se débarrasser d’un amoureux parce qu’elle ne l’aimait pas, et voilà qu’elle se montrait toute disposée à en éloigner un autre parce qu’elle l’aimait.

Les Bertram, père et fils, devaient quitter Jérusalem dans deux jours. George se proposait d’accompagner son père jusqu’à Constantinople, et, après avoir un peu vu les vrais Turcs dans la véritable Turquie, de retourner ensuite à Londres. Depuis sa dernière promenade au mont des Oliviers, il n’avait pas reparlé d’entrer dans l’Église.

Le soir même, Caroline régla tout avec sa tante.

— Ma tante, dit-elle, pendant qu’elles étaient occu-