Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crois, et de se construire une cellule à cet endroit.

— Si jamais je me fais ermite, ce sera sans contredit dans l’idée de vivre là. Mais je crains de manquer de la persévérance nécessaire à une vie de sainteté.

— J’espère que vous ne nous avez pas fait attendre tout ce temps pour rien ; vous avez eu quelque succès, je pense ? dit mademoiselle Todd tout bas en riant à Bertram. Mademoiselle Todd avait l’air joyeux en parlant ainsi ; mais il faut dire aussi qu’elle avait toujours l’air joyeux.

— J’ai très-certainement fait ce que je ne comptais pas faire, et par cela seul, on est en droit de dire que je n’ai pas réussi, répondit Bertram en affectant de parler sentencieusement.

— Donc, elle aura refusé, se dit mademoiselle Todd. Quelle petite sotte que cette fille-là ! Mais ce fut une grande consolation pour mademoiselle Todd de penser qu’elle savait à quoi s’en tenir sur cette affaire.

Le soir même le projet de quitter Jérusalem fut arrêté. J’entends seulement parler des projets de ceux dont nous avons à raconter les destinées ; mademoiselle Baker et sa nièce, sir Lionel et son fils. Pour le moment, nous devons prendre congé de mademoiselle Todd. Elle n’épousa point du coup sir Lionel, et elle n’eut pas même la satisfaction de savoir que ses amis l’accusaient d’en avoir le désir. Mademoiselle Todd avait ses faiblesses, comme tout le monde, mais tout compte fait et en compensant le bien avec le mal, je ne demande pas mieux, quant à moi, de me retrouver bientôt avec elle. Nous pouvons aussi dire adieu à ses