Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de sir Lionel. À Winchester, ils firent bien l’un et l’autre, mais Bertram fit mieux, et de beaucoup. Il remporta les prix, tandis que Wilkinson faillit les remporter. Dans claque classe, il précéda d’un peu son cousin, et quand vint la lutte finale qui devait clore leur carrière d’écoliers, Bertram l’emporta sur tous. Ce fut lui qui se leva pour recevoir la médaille d’or et débiter les hexamètres latins, tandis que Wilkinson dut se contenter de rester assis et de les écouter.

Je crois que les professeurs ne comprennent que bien rarement l’angoisse qu’éprouvent les écoliers sous le coup de semblables défaites. Ceux-ci sont généralement très-réservés sur de pareils sujets. Ils ne démêlent pas assez nettement leurs propres sentiments pour en pouvoir parler, et ils sont trop habitués au ridicule et à la censure pour se permettre d’espérer la sympathie. À une sœur favorite on pourrait peut-être, raconter le rude combat et le douloureux échec, mais pas à d’autres. Le père, à ce que croit l’enfant, doit être irrité de l’insuccès, et même les baisers de la mère semblent en avoir été refroidis. Nous sommes tous trop disposés à nous figurer, si nos enfants mangent des gâteaux et font du tapage, qu’ils n’ont nul besoin de sympathie. Mais un enfant peut échouer au collège, puis manger force gâteaux et faire beaucoup de tapage, et n’en pas moins sentir son jeune cœur se serrer, faute de quelqu’un qui s’apitoie avec lui sur son chagrin.

Quand vint pour Bertram le temps de se rendre à