Clara était bonne et raisonnable, elle était même jolie et lui ferait honneur. Comme au point de vue matériel elle recevait tout et ne donnait rien, elle se montrerait sans doute disposée à entrer dans tous les arrangements de vie qu’il pourrait proposer. Il pensait probablement à prendre pour lui-même un appartement à Londres où il résiderait durant les sessions du Parlement, tandis que Clara resterait seule dans la grande maison de brique sur laquelle ses yeux étaient fixés en ce moment. Ce serait une compensation au sacrifice qu’il faisait en épousant une jeune fille pauvre ; car dans sa position il aurait pu avoir de grandes prétentions. Les Aylmer étaient une famille considérable, et bien que Frédéric ne fût pas l’ainé, il avait beaucoup plus que la part d’un cadet. Son siége au Parlement était assuré, un mariage riche était tout ce qui manquait à l’édifice de sa fortune ou peut-être aussi d’avoir une lady Mary ou lady Emily à la tête de sa maison. Lady Emily Aylmer ! Cela sonnait bien ! Et il connaissait une lady Emily qui aurait convenu à merveille. Comme ce léger regret s’insinuait tout doucement dans son âme, il oublia de se rappeler que la lady Emily en question n’avait pas un sou vaillant.
Si Clara Amadroz avait été plus difficile à obtenir, peut-être eût-il prisé davantage sa conquête. Le fruit qui tombe de lui-même est peu apprécié du jardinier ; mais qu’il faille l’aller chercher, au péril