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— Pourquoi y aurait-il rien de rompu entre nous ? Pourquoi serait-ce mal à moi de vous aimer ?

— Que dira mon père ?

— M. Amadroz a déjà donné son consentement. Je le lui ai demandé dès que j’ai été décidé, et il m’a dit que je pouvais m’adresser à vous.

— Vous avez parlé à mon père ! Que vais-je devenir ?

— Vous suis-je donc si odieux ? »

En disant cela il se leva et resta debout devant elle. C’était un homme grand et bien fait. Son attitude et ses traits prenaient une grande expression de noblesse quand il était ému comme en ce moment.

« Odieux ! ne savez-vous pas que j’ai appris à vous aimer et à me confier en vous comme si vous étiez vraiment mon frère, mais tout est fini maintenant.

— Vous ne pouvez pas m’aimer comme votre mari, alors ?

— Non. »

Elle ne prononça que ce monosyllabe. Et il s’éloigna d’elle comme si ce petit mot tranchait la question alors et pour toujours. Il s’éloigna d’elle peut-être de deux cents mètres, comme si l’entrevue était terminée et qu’il demeurât sans espoir. En le voyant s’en aller, elle souhaita qu’il revînt pour lui adresser quelques paroles de consolation, bien