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« Vous êtes la petite fille que je me rappelle avoir vue chez M. Folliott quand j’étais enfant ? lui demanda-t-il d’une voix peut-être un peu trop sonore.

— Oui, je suis cette petite fille, répondit Clara en souriant.

— Quand je pense qu’il y a vingt ans de cela !

— Vous ne devriez pas m’en faire souvenir, monsieur Belton.

— Pourquoi pas ?

— Parce que cela montre combien je suis vieille.

— Ah ! oui, certainement ; mais il n’y a là personne pour m’entendre. »

Une demi-heure après, comme Belton montait dans sa chambre, Clara trouva moyen de lui parler seule et de lui expliquer la situation.

« Monsieur Belton, dit-elle, vous serez obligé de supporter les inconvénients de notre nouvelle position ; le fait est que nous sommes maintenant très-pauvres.

— Ah ! voilà justement ce que je voulais savoir. Pour ce qui est de la pauvreté, je trouve que ce n’est rien quand on est jeune, mais cela ne laisse pas d’être pénible à mesure qu’on vieillit. Y puis-je quelque chose ?

— Tout ce que vous pouvez, c’est d’être bon pour mon père. Il a été obligé d’affermer le parc à M. Stovey et n’aime pas à en parler.