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je ne peux pas tenir aussi grand compte de son opinion, et j’aurais beau la connaître que je ne pourrais avoir pour elle la même déférence que pour l’homme qui doit être mon mari. Je ne vous dis cela que parce que je crains de n’avoir pas la même opinion que lady Aylmer au sujet de mistress Askerton.

« Ce que vous m’en avez écrit est vrai. Mais la personne qui vous a informé ne paraît pas savoir ce que mistress Askerton a eu à souffrir. Elle était maltraitée par le capitaine Berdmore, qui était un ivrogne. Il était absolument impossible de vivre avec lui, et elle l’a quitté. Si je pouvais vous faire comprendre combien elle avait été malheureuse, je pense que vous seriez plus porté à l’excuser. Elle a épousé le colonel Askerton aussitôt après la mort de son premier mari, et avant de venir à Belton. Tout cela s’est passé aux Indes, et je ne vois pas quel droit nous avons de nous en informer.

« En tout cas, je la connais intimement depuis longtemps ; et comme je suis sûre qu’elle s’est repentie de ce qu’elle avait pu faire de mal, je ne pense pas devoir rompre avec elle maintenant. Je le lui ai promis, et je crois devoir vous dire toute la vérité.

« Veuillez offrir mes respects à votre mère, et lui dire que si elle était à ma place, elle jugerait différemment. Cette pauvre femme n’a pas d’autre amie dans le pays. Et qui suis-je pour m’arroger le droit de la condamner ? Je ne puis le faire, cher Frédéric.