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CHAPITRE V

avant les funérailles


Restée seule, Isabel sentit quel terrible fardeau le devoir faisait peser sur elle. Si elle avait pu se livrer à sa douleur bien légitime, elle aurait éprouvé quelque soulagement à pleurer son bon oncle. Mais on lui expliqua que, jusqu’après les funérailles et après la lecture du testament, elle devait tout ordonner à Llanfeare. Cette nécessité d’agir lui était pénible dans un moment surtout où la douleur ne lui laissait voir que confusément ce qu’elle avait à faire.

Le docteur fut bienveillant pour elle et lui donna quelques avis avant de la quitter. « Dois-je donner les clefs à mon cousin ? lui demanda-t-elle. Mais tout en faisant cette question, elle se demandait ce que signifiaient les derniers mots prononcés par son oncle. Quoique sa peine fût vive et que sa douleur fût sincère, elle ne pouvait s’empêcher de penser à ces paroles. Ce n’était pas qu’elle désirât posséder la propriété. Non, elle ne pensait pas à elle. Mais l’intention qu’elle attribuait à son oncle ne lui imposait-elle pas un devoir ? Devait-elle, ou non, faire connaître ces paroles ? Devait-elle leur prêter une signification ? Si elles en avaient une, ne fallait-il pas les comprendre par rapport au testament ?

« Je crois que vous devez garder les clefs jusqu’après la lecture du testament, dit le docteur.

— Même s’il les demandait ?

— Même s’il les demandait. Il n’insistera pas, si