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avec beaucoup de plaisir, répondit alors d’une voix attristée :

« Je regrette vivement que monsieur votre frère soit si souffrant, d’autant que je venais lui demander, ainsi qu’à vous, des renseignements sur le bal de Pâques, à Hereford.

— Vous ! Ah ! Richard deviendra fou de joie ! Il est si beau danseur ! À Paris même il était remarqué dans les bals les plus élégants ! Il est si comme il faut, si recherché dans ses manières et dans sa tenue ! Du reste, les jeunes gens issus de très-grande famille sont naturellement distingués, du moins Richard est ainsi, et cela est dans le sang.

— Mais ne pensez-vous pas qu’il soit trop souffrant pour aller à ce bal ? reprit impitoyablement Sophie.

— Oh ! grand Dieu, non ! l’idée seule de vous y rencontrer le fera mourir de joie. Richard est si passionné ! C’est un homme charmant, bon fils, bon frère ; assurément il sera…

— Je voulais vous demander des renseignements sur les moyens de me procurer une invitation, reprit vivement Sophie. Chez qui dois-je aller faire une démarche pour l’obtenir ? Je voudrais aussi, ajouta-t-elle avec un peu d’embarras, que l’on sût d’avance que j’irai à ce bal ; il me serait très-désagréable d’y arriver brusquement, sans être déjà connue ou du moins annoncée.

— Vous avez mille fois raison, et, si vous voulez suivre mon avis, miss Martin Thorpe, chargez Richard de cette commission. Il connaît tout le monde aux environs, et, en allant faire ses visites à cheval, il lui sera facile de glisser dans la conversation que miss Martin Thorpe fera, ce soir-là, son entrée dans le monde ; vous pouvez être sûre que toute la société élégante du pays sera désireuse de vous y voir, chère amie, et de vous y