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TROIS PETITS POÈMES

Sois-en épris, sers-toi de tes écus,
Jouis, sinon tes biens sont superflus.
Ouvre les mains, fais valoir tes richesses,
Que tes amis éprouvent tes largesses :
D’une beauté que le sort maltraita
Fais le trousseau, sois prodigue, aime-la.
Je perds le temps à prêcher ma morale
A l’harpagon qui ne sait qu’entasser,
Et point jouir ; mais la Parque brutale,
Est à l’affût, et va le ramasser.
Jeune héritier du Crésus imbécile
Qui s’astreignit, dans un modique asile,
A se morfondre auprès de ses écus,
Avec son or acquiers quelques vertus ;
Vis noblement dans l’heureuse abondance,
Sois le soutien, l’ami de l’indigence :
Malgré tes biens, souviens-toi qu’un mortel
N’est distingué qu’à raison du mérite.
N’imite pas le fils de Montmartel,
Le sot Brunoi, ce semblant de lévite,
Qui de ses biens, par un zèle hypocrite,
Court enrichir et le prêtre et l’autel.
Voulait-il pas, dans sa sotte boutade,
Vers les lieux saints porter ses pas dévots,
Accompagné de cinquante autres sots.
Exécuter une folle croisade,
Et, pour beaux fruits de cette pasquinade,
En Palestine aller laisser ses os !
Cher foutromane, en ta veine comique,
Sois travaillé d’un tout autre désir ;
Lève plutôt un sérail magnifique,