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TROIS PETITS POÈMES

Ses vers heureux expriment ses désirs ;
Sans afficher une muse profane,
Il embellit le règne des plaisirs.
On voit qu’il suit partout son caractère,
Mettant en vers ce qu’il éprouve en lui,
Jugeant à froid les faiblesses d’autrui.
Nouvel Ovide, habitant de Cythère,
Il peint en maître et l’Amour et sa mère.
De sa Zélis, fraîche, sortant du bain,
J’aime à toiser la lubrique ceinture !
De sa Cloris l’admirable peinture
Me fait bander, j’ai le vit à la main.
En la voyant, j’adore la luxure
Qu’un peintre adroit, d’un pinceau libertin,
Sait crayonner, en traçant la nature.
Tous ces rimeurs, sublimes, ennuyeux,
Dont les romans en cinq actes pompeux,
Froids canevas de faits invraisemblables,
Peignent sans sel des amours pitoyables,
N’ont aucun droit à me toucher le cœur.
Et que m’importe un monarque, un vainqueur,
Encor fumant du sang de ses semblables,
Qui, tout bouffi, raconte avec froideur
Ses feux glacés, son orgueilleuse ardeur ?
D’un gros manant je préfère la flamme ;
J’y lis son cœur, j’y démêle son âme,
Ses sentiments sont d’un sincère aloi,
Et quand d’amour il reconnaît la loi,
C’est sans détour qu’il souscrit à son maître.
Il est vraiment tel qu’on le voit paraître :
N’use jamais d’un langage emprunté,